Attendu trois cent soixante-quatre jours par an, personnage mythique
apparu récemment, le Père Noel n’a pas réellement d’histoire.
Que savons-nous de lui ? Cela tient d’une présence invisible, merveilleuse, bienveillante, généreuse… et d’un trop-plein de figures colorées mais sans relief et sans profondeur, au mieux utiles à fabriquer les souvenirs lisses d’une enfance en images d’Epinal.
D’abord popularisé par la publicité commerciale, qu’on ait envie d’y croire ou non, il est considéré, dans l’imaginaire collectif, comme un personnage de conte que chacun s’est approprié.
Il arrive au moment où nous célébrons le temps qui passe : changement d’année, allongement progressif des jours… Pour marquer notre attachement aux plus jeunes, nous avons emprunté à plusieurs traditions l’image d’une porteur de présents.
Mais de quoi ce personnage installé dans notre mythologie parle-t-il ?
La compagnie Fond de scène a demandé à d’autres porteurs de présents, des artistes qui adressent eux aussi une partie de leur parcours à l’enfance, de « dessiner » un Père Noël en dehors de son
temps habituel. Une opportunité de le voir ainsi aller au-devant des enfants (de tous âges, cela va de soi) dans une autre condition, plus propice à dévoiler quelque chose de lui.
Ce spectacle est une histoire d’errance de Pères Noël.
Le premier a perdu jusqu’au sentiment de lui-même. Ne lui reste que le souvenir diffus d’une relation privilégiée aux oiseaux et à la forêt.
Le deuxième, aux prises avec une mère dominante qui ne voit pas dans cette condition professionnelle une situation suffisamment stable pour sa progéniture, cherche le p´tit boulot pérenne qui la rassurera.
Le troisième partage avec le premier des doutes sur le rapport de la foule à la magie de Noël, constatant avec amertume le désenchantement du quotidien.
Le quatrième et dernier, le plus impatient face aux facéties de la mémoire, propose d’écrire sa vie, de bâtir le récit qui extirpe le quotidien du banal.
Entre ces quatre histoires, pas de suite narrative, pas d’évolution ni de ligne dramaturgique apparente. Et pourtant…
Une fois j’ai eu un doute : une photo d’un grand paquebot, pour une croisière de Noël en Méditerranée, on me voyait pas bien, j’étais de dos, y avait le sapin avec les boules (geste pour évoquer le clignotement, comme un feu d’artifice :) bing-bang, les guirlandes du réveillon, tout ça très beau, je… Peut-être. Au niveau du dos, des épaules, le costume… Y avait quelque chose. Peut-être que c’était moi. Peut-être que peut-être pas. Parce que des costumes rouge et blanc, hein, à la Noël… Je dirais pas que ça court les rues mais presque. En tout cas ça court les croisières on dirait… (Laurent Contamin)
Création de la Cie Fond de Scène
Interprétés et mis en scène par Jean-Pierre Cliquet et Olivier David
Scénographie : Gilbert Epron
Lumières : Phillipe Lacombe
Univers sonore : Francine Ferrer
Vidéo et illustrations : Léandre Bernard-Brunel
Costumes : Yamina Ouzouir et Bruno Jouvet
avec le gracieux concours de la Compagnie Turbul